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Révolution des œillets : le Portugal fête 50 ans de démocratie

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Le 25 avril 1974, un coup d’État mettait fin à 48 ans de dictature et ouvrait la voie de la démocratie et de la construction européenne.

Le 25 avril 74 est resté dans l’Histoire et les mémoires comme le jour de la Révolution des œillets. Une révolution dont les racines et les conséquences s’inscrivent au-delà des frontières du pays, de l’Afrique à l’Europe. En 1974, le dictateur Salazar est mort depuis 4 ans déjà. Sa succession n’a pas permis au pays de revenir à l’État de droit, et les militaires, usés par les guerres coloniales, renversent le régime totalitaire et ouvrent le pays à la démocratie.

Avec l’historien Yves Léonard, professeur à Sciences Po, spécialiste de l’histoire contemporaine du Portugal.

Parmi ses nombreux ouvrages : Sous les œillets la révolution (Chandeigne, Paris, 2023), Salazar, le dictateur énigmatique (Perrin, Paris, 2024), Histoire de la nation portugaise (Taillandier, Paris, 2022).

Et les témoignages recueillis par la rédaction de RFI en portugais.

Trois questions à Carina Branco, journaliste de la réaction lusophone :

Juliette Gheerbrant : À l’occasion de l’anniversaire de la Révolution des œillets RFI en portugais publie une riche série de podcasts, « Revoluçao dos Cravos » pour laquelle vous êtes allée à la recherche, de Lisbonne à Paris, de résistants à la dictature ; pouvez-vous partager quelques-unes de ces rencontres ?

Carina Branco : Il y a d’abord Domingos Abrantes, 80 ans, et son épouse Conceição Matos, qui se sont mariés quand lui était en prison. Il y est resté 11 ans, elle un an et huit mois. Ils ont été torturés par la police politique. Comme tous les opposants au régime dictatorial, ils étaient accusés d’atteinte à la sécurité nationale pour appartenance au Parti Communiste Portugais, interdit. Mais lui a aussi commis « un autre crime » : il a fait partie d’une des évasions collectives les plus spectaculaires de cette époque. C’était en 1961 et avec sept camarades, ils ont forcé le portail principal de la prison de Caxias à bord d’une voiture de luxe, pas n’importe laquelle comme il le raconte : « C’est une histoire digne d’un film. Elle est entrée dans l’histoire. C’était une évasion à connotation politique, d’une prison privée de la PIDE, la police politique, à bord d’un véhicule blindé du dictateur ! On dit que Salazar n’a plus jamais voulu remettre les pieds dans la voiture car elle avait été souillée par des communistes ! Il a fallu 19 mois pour préparer l’évasion, rendue possible grâce à la complicité du mécanicien chargé de ces véhicules, qui avait réussi à gagner la confiance des gardiens. Un pari risqué pour les fugitifs : La voiture a foncé vers le portail et la grande inconnue était : que va-t-il se passer ?… C'est le moment décisif. Si la voiture ne passe pas, nous sommes tous morts. C'est le moment décisif de toute l'histoire, de nos vies. La voiture est passée, elle a défoncé une partie du portail et on a vu le bois voler dans les airs. Elle a été complètement cabossée à l’avant. L'évasion a duré 60 secondes. Il a fallu 19 mois pour atteindre 60 secondes. Mais ces 60 secondes semblent avoir arrêté le temps. »

Sous la dictature, vous l’évoquiez la torture était très répandue, que vous ont rapporté les témoins ?

Domingos Abrantes est resté des jours et des nuits debout sans pouvoir s’asseoir ni dormir, il a subi des chocs électriques, le « trou » - une cellule où n’entraient ni lumière ni son et où il sentait enterré vivant). « Le rôle de la police, explique-t-il, était de détruire la lutte organisée car le fascisme ne pouvait être renversé que par la lutte. Il n'y avait pas d'autre moyen. Les gens étaient des pauvres, exploités, mais ils étaient capables de tout risquer pour améliorer leur vie et celle des autres. » Son épouse, Conceiçao Matos a, elle aussi, été soumise à la privation de sommeil, à l’interdiction d’aller aux toilettes, humiliée et battue par les gardiennes, comme elle le raconte : « L'une d’elles m'a attrapée, elles m'ont déshabillée et elle a commencé à me donner des coups de pied dans les tibias, à me frapper au visage, à frapper... C'était terrible et je suis tombée par terre. Elles m'ont relevé, et ont continué. Et à un moment donné, au bout de nombreuses heures, la femme a dit : Partons, car cette merde ne parlera pas et si je reste plus longtemps, je vais lui faire la peau ! » En 1973, Conceiçao Matos et Domingos Abrantes ont pu s’exiler à Paris pour continuer leur lutte. Ils sont retournés au Portugal juste après la révolution à bord ce qu’on a appelé l’avion de la liberté, qui a ramené beaucoup d’exilés politiques de Paris à Lisbonne.

Malgré la violence de la répression, la résistance était donc très active ?

Beaucoup des gens que j’ai rencontrés savaient que tôt ou tard, ils iraient en prison, mais ils agissaient chacun à leur niveau, comme le prêtre Francisco Fanhais, qui a soutenu la LUAR, Ligue d’Union et Action Révolutionnaire et qui faisait aussi de la résistance en musique. Il a enregistré, aux côtés du musicien Zeca Afonso, la chanson qui allait devenir le symbole de la révolution : Grândola Vila Morena. Certains s’en prenaient à l’appareil militaire destiné aux guerres coloniales. La résistance était aussi active dans les rédactions et le monde de l’édition. La journaliste Helena Neves m’a expliqué comment il fallait constamment jouer avec la censure dans les journaux pour réussir à raconter le pays entre les lignes. La police politique interdisait les livres considérés comme subversifs. L’un des plus célèbres s’intitule Nouvelles lettres portugaises, aussi connu comme le livre des trois Maria, il raconte la condition des femmes et a été écrit en 1972 par trois d’entre elles, dont Maria Teresa Horta, âgée aujourd’hui de 86 ans, que j’ai rencontrée : « C’est un livre politique, essentiellement politique, écrit dans un pays fasciste par trois femmes. À cette époque, au Portugal, il n’est pas étonnant que ce livre ait fait l’effet d’une bombe. Il a provoqué un scandale. Pour moi, et pour les autres, c’était une lueur car on vivait dans ce pays fasciste avec une tristesse intrinsèque, et aussi un immense sentiment de révolte intérieure et extérieure. En fait, nous avons seulement compris que ce livre pouvait être « dangereux » pour nous quand il a été interdit. » La dictature a considéré le livre comme « pornographique et offensant pour la morale publique » et les autrices ont été menacées d’une peine allant de six mois à deux ans de prison, parce qu’il y était question sans tabou de sexe, de désir, mais aussi de violence, de viol, d’inceste, d’avortement clandestin, d’oppression domestique, sociale et politique sur les femmes. Mais aussi des guerres coloniales, de la pauvreté, de l’émigration. Publié dès 74 en français, aux éditions du Seuil, c’est un témoignage fort de ce qu’était la société portugaise sous la dictature.

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Le 25 avril 74 est resté dans l’Histoire et les mémoires comme le jour de la Révolution des œillets. Une révolution dont les racines et les conséquences s’inscrivent au-delà des frontières du pays, de l’Afrique à l’Europe. En 1974, le dictateur Salazar est mort depuis 4 ans déjà. Sa succession n’a pas permis au pays de revenir à l’État de droit, et les militaires, usés par les guerres coloniales, renversent le régime totalitaire et ouvrent le pays à la démocratie.

Avec l’historien Yves Léonard, professeur à Sciences Po, spécialiste de l’histoire contemporaine du Portugal.

Parmi ses nombreux ouvrages : Sous les œillets la révolution (Chandeigne, Paris, 2023), Salazar, le dictateur énigmatique (Perrin, Paris, 2024), Histoire de la nation portugaise (Taillandier, Paris, 2022).

Et les témoignages recueillis par la rédaction de RFI en portugais.

Trois questions à Carina Branco, journaliste de la réaction lusophone :

Juliette Gheerbrant : À l’occasion de l’anniversaire de la Révolution des œillets RFI en portugais publie une riche série de podcasts, « Revoluçao dos Cravos » pour laquelle vous êtes allée à la recherche, de Lisbonne à Paris, de résistants à la dictature ; pouvez-vous partager quelques-unes de ces rencontres ?

Carina Branco : Il y a d’abord Domingos Abrantes, 80 ans, et son épouse Conceição Matos, qui se sont mariés quand lui était en prison. Il y est resté 11 ans, elle un an et huit mois. Ils ont été torturés par la police politique. Comme tous les opposants au régime dictatorial, ils étaient accusés d’atteinte à la sécurité nationale pour appartenance au Parti Communiste Portugais, interdit. Mais lui a aussi commis « un autre crime » : il a fait partie d’une des évasions collectives les plus spectaculaires de cette époque. C’était en 1961 et avec sept camarades, ils ont forcé le portail principal de la prison de Caxias à bord d’une voiture de luxe, pas n’importe laquelle comme il le raconte : « C’est une histoire digne d’un film. Elle est entrée dans l’histoire. C’était une évasion à connotation politique, d’une prison privée de la PIDE, la police politique, à bord d’un véhicule blindé du dictateur ! On dit que Salazar n’a plus jamais voulu remettre les pieds dans la voiture car elle avait été souillée par des communistes ! Il a fallu 19 mois pour préparer l’évasion, rendue possible grâce à la complicité du mécanicien chargé de ces véhicules, qui avait réussi à gagner la confiance des gardiens. Un pari risqué pour les fugitifs : La voiture a foncé vers le portail et la grande inconnue était : que va-t-il se passer ?… C'est le moment décisif. Si la voiture ne passe pas, nous sommes tous morts. C'est le moment décisif de toute l'histoire, de nos vies. La voiture est passée, elle a défoncé une partie du portail et on a vu le bois voler dans les airs. Elle a été complètement cabossée à l’avant. L'évasion a duré 60 secondes. Il a fallu 19 mois pour atteindre 60 secondes. Mais ces 60 secondes semblent avoir arrêté le temps. »

Sous la dictature, vous l’évoquiez la torture était très répandue, que vous ont rapporté les témoins ?

Domingos Abrantes est resté des jours et des nuits debout sans pouvoir s’asseoir ni dormir, il a subi des chocs électriques, le « trou » - une cellule où n’entraient ni lumière ni son et où il sentait enterré vivant). « Le rôle de la police, explique-t-il, était de détruire la lutte organisée car le fascisme ne pouvait être renversé que par la lutte. Il n'y avait pas d'autre moyen. Les gens étaient des pauvres, exploités, mais ils étaient capables de tout risquer pour améliorer leur vie et celle des autres. » Son épouse, Conceiçao Matos a, elle aussi, été soumise à la privation de sommeil, à l’interdiction d’aller aux toilettes, humiliée et battue par les gardiennes, comme elle le raconte : « L'une d’elles m'a attrapée, elles m'ont déshabillée et elle a commencé à me donner des coups de pied dans les tibias, à me frapper au visage, à frapper... C'était terrible et je suis tombée par terre. Elles m'ont relevé, et ont continué. Et à un moment donné, au bout de nombreuses heures, la femme a dit : Partons, car cette merde ne parlera pas et si je reste plus longtemps, je vais lui faire la peau ! » En 1973, Conceiçao Matos et Domingos Abrantes ont pu s’exiler à Paris pour continuer leur lutte. Ils sont retournés au Portugal juste après la révolution à bord ce qu’on a appelé l’avion de la liberté, qui a ramené beaucoup d’exilés politiques de Paris à Lisbonne.

Malgré la violence de la répression, la résistance était donc très active ?

Beaucoup des gens que j’ai rencontrés savaient que tôt ou tard, ils iraient en prison, mais ils agissaient chacun à leur niveau, comme le prêtre Francisco Fanhais, qui a soutenu la LUAR, Ligue d’Union et Action Révolutionnaire et qui faisait aussi de la résistance en musique. Il a enregistré, aux côtés du musicien Zeca Afonso, la chanson qui allait devenir le symbole de la révolution : Grândola Vila Morena. Certains s’en prenaient à l’appareil militaire destiné aux guerres coloniales. La résistance était aussi active dans les rédactions et le monde de l’édition. La journaliste Helena Neves m’a expliqué comment il fallait constamment jouer avec la censure dans les journaux pour réussir à raconter le pays entre les lignes. La police politique interdisait les livres considérés comme subversifs. L’un des plus célèbres s’intitule Nouvelles lettres portugaises, aussi connu comme le livre des trois Maria, il raconte la condition des femmes et a été écrit en 1972 par trois d’entre elles, dont Maria Teresa Horta, âgée aujourd’hui de 86 ans, que j’ai rencontrée : « C’est un livre politique, essentiellement politique, écrit dans un pays fasciste par trois femmes. À cette époque, au Portugal, il n’est pas étonnant que ce livre ait fait l’effet d’une bombe. Il a provoqué un scandale. Pour moi, et pour les autres, c’était une lueur car on vivait dans ce pays fasciste avec une tristesse intrinsèque, et aussi un immense sentiment de révolte intérieure et extérieure. En fait, nous avons seulement compris que ce livre pouvait être « dangereux » pour nous quand il a été interdit. » La dictature a considéré le livre comme « pornographique et offensant pour la morale publique » et les autrices ont été menacées d’une peine allant de six mois à deux ans de prison, parce qu’il y était question sans tabou de sexe, de désir, mais aussi de violence, de viol, d’inceste, d’avortement clandestin, d’oppression domestique, sociale et politique sur les femmes. Mais aussi des guerres coloniales, de la pauvreté, de l’émigration. Publié dès 74 en français, aux éditions du Seuil, c’est un témoignage fort de ce qu’était la société portugaise sous la dictature.

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