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Ukraine: l'inquiétante escalade nucléaire du Kremlin

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En réaction à l’autorisation de Joe Biden permettant à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles américains, Moscou a franchi cette semaine plusieurs marches de l’escalier nucléaire. D’abord en rendant public une actualisation de sa doctrine puis en tirant jeudi un missile inquiétant sur l’Ukraine. Le tir de missile russe relève du pur signalement stratégique, le Kremlin envoie un message clair aux Occidentaux : il ne perdra pas la guerre en Ukraine.

Jusqu'à présent, les menaces du Kremlin n'étaient que verbales. Cette fois, c'est un missile qui sent le souffre qui a été tiré. Un « missile expérimental », dit Vladimir Poutine, de portée intermédiaire, baptisé Orechnik, mais le missile qui se rattache à la famille des armes balistiques porteurs du feu nucléaire. Moscou a donc brisé un tabou.

C'est une intimidation particulièrement rude, assure le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill : « Une attaque, c'est toujours inquiétant. Maintenant, je pense qu'il faut prendre du recul et nous, il faut qu'on regarde ce qui s'est passé. Quel est le signal envoyé. Tous les jours, il y a des attaques sur l'Ukraine. Il y a eu ces derniers jours des tirs très massifs sur l'appareil de production électrique. Nos outils de renseignement sont évidemment tournés vers l'observation de ce théâtre. Tout dans la guerre est signal. Tout ce qui se passe ces jours-ci en déclaratoire ou en manœuvre effective rentre dans une dialectique des volontés qui passent aussi par des questions d'intimidation et de contre intimidation, c'est clair. »

À lire aussiTir inédit d’un missile stratégique par la Russie en Ukraine: un «signalement» destiné aux Européens

Une grammaire que Vladimir Poutine, ex-officier du KGB, maitrise parfaitement

Il en connait la limite : seul le nucléaire peut répondre au nucléaire. Mais sous ce seuil, l’escalade est permise. En début de semaine, il y a donc eu cette mise à jour de la doctrine nucléaire de la Russie. En filigrane, elle dit qu’essayer de vaincre l’armée russe est vain puisque l’option nucléaire est réaliste. La doctrine ajoute qu’elle ne laissera pas se prolonger les attaques de missiles en profondeur sur son sol.

S’ajoute à cette ligne rouge, un élargissement, non pas du seuil, mais des conditions d’emploi de l’arme, il est aussi question de nouveaux vecteurs comme l’Orechnik tiré jeudi, précise Thibault Fouillet de la Fondation pour la recherche stratégique : « En matière stratégique, le discours doit toujours, pour être crédible, s’appuyer sur des faits. Donc, on ne peut pas juste annoncer un renforcement de posture ou la volonté d'une évolution de posture sans derrière insister sur la capacité à agir si le besoin s'en faisait sentir. On a bien cette nécessité de parler aussi des armements, de mettre en avant de nouveaux systèmes, de nouveaux vecteurs, de nouvelles possibilités. C’est pour crédibiliser cette posture. »

Donald Trump aux portes du pouvoir

Or, la Maison Blanche desserre les conditions d’emploi de ses missiles ATACMS, car le temps est compté. Donald Trump est aux portes du pouvoir et Moscou en attend beaucoup. « L'ambition qui a été affichée par Donald Trump d'un accord rapide avec Vladimir Poutine sur une ligne qui serait le gel du conflit selon la ligne de front actuelle, mais surtout une concession sur un principe de neutralisation de l'Ukraine, de renoncement à l'entrée dans l'OTAN. Si vous combinez un gel du front et un principe de neutralisation, on retombe rapidement sur les lignes de ce qu’était l'accord de Minsk ou même du mémorandum de Budapest. Et ça, la Russie a bien montré qu’elle n'était pas prête à le respecter », décrypte Elie Tenenbaum, directeur de recherche de l’Ifri.

À lire aussiL'Ukraine demande de nouveaux systèmes antiaériens pour se protéger des missiles russes

Sur le terrain, la logique est celle d’un conflit qui ne semble pas porter de solution militaire, la menace nucléaire est donc une partie de l’équation des futurs négociations, précise Thibault Fouillet. « De toute façon, la sortie sera politique. Mais pour que la sortie soit politique, il faut une certaine crédibilité. Il faut user de tous les moyens. Il faut aussi rappeler que même si certains peuvent croire en un affaiblissement russe, ça reste une puissance dotée, l'une des principales puissances nucléaires. La Russie est inscrite dans le concert des Nations, il ne faut pas s'attendre à une Russie émoussée ou à une Russie qui s'effondrerait », dit-il.

« L’apocalypse nucléaire n’est pas pour demain », abonde Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po, mais ces derniers jours marqueront l’histoire, « un cran », insiste-t-il, « a incontestablement été franchi dans les menaces nucléaires par la Russie ».

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Jusqu'à présent, les menaces du Kremlin n'étaient que verbales. Cette fois, c'est un missile qui sent le souffre qui a été tiré. Un « missile expérimental », dit Vladimir Poutine, de portée intermédiaire, baptisé Orechnik, mais le missile qui se rattache à la famille des armes balistiques porteurs du feu nucléaire. Moscou a donc brisé un tabou.

C'est une intimidation particulièrement rude, assure le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill : « Une attaque, c'est toujours inquiétant. Maintenant, je pense qu'il faut prendre du recul et nous, il faut qu'on regarde ce qui s'est passé. Quel est le signal envoyé. Tous les jours, il y a des attaques sur l'Ukraine. Il y a eu ces derniers jours des tirs très massifs sur l'appareil de production électrique. Nos outils de renseignement sont évidemment tournés vers l'observation de ce théâtre. Tout dans la guerre est signal. Tout ce qui se passe ces jours-ci en déclaratoire ou en manœuvre effective rentre dans une dialectique des volontés qui passent aussi par des questions d'intimidation et de contre intimidation, c'est clair. »

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Une grammaire que Vladimir Poutine, ex-officier du KGB, maitrise parfaitement

Il en connait la limite : seul le nucléaire peut répondre au nucléaire. Mais sous ce seuil, l’escalade est permise. En début de semaine, il y a donc eu cette mise à jour de la doctrine nucléaire de la Russie. En filigrane, elle dit qu’essayer de vaincre l’armée russe est vain puisque l’option nucléaire est réaliste. La doctrine ajoute qu’elle ne laissera pas se prolonger les attaques de missiles en profondeur sur son sol.

S’ajoute à cette ligne rouge, un élargissement, non pas du seuil, mais des conditions d’emploi de l’arme, il est aussi question de nouveaux vecteurs comme l’Orechnik tiré jeudi, précise Thibault Fouillet de la Fondation pour la recherche stratégique : « En matière stratégique, le discours doit toujours, pour être crédible, s’appuyer sur des faits. Donc, on ne peut pas juste annoncer un renforcement de posture ou la volonté d'une évolution de posture sans derrière insister sur la capacité à agir si le besoin s'en faisait sentir. On a bien cette nécessité de parler aussi des armements, de mettre en avant de nouveaux systèmes, de nouveaux vecteurs, de nouvelles possibilités. C’est pour crédibiliser cette posture. »

Donald Trump aux portes du pouvoir

Or, la Maison Blanche desserre les conditions d’emploi de ses missiles ATACMS, car le temps est compté. Donald Trump est aux portes du pouvoir et Moscou en attend beaucoup. « L'ambition qui a été affichée par Donald Trump d'un accord rapide avec Vladimir Poutine sur une ligne qui serait le gel du conflit selon la ligne de front actuelle, mais surtout une concession sur un principe de neutralisation de l'Ukraine, de renoncement à l'entrée dans l'OTAN. Si vous combinez un gel du front et un principe de neutralisation, on retombe rapidement sur les lignes de ce qu’était l'accord de Minsk ou même du mémorandum de Budapest. Et ça, la Russie a bien montré qu’elle n'était pas prête à le respecter », décrypte Elie Tenenbaum, directeur de recherche de l’Ifri.

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Sur le terrain, la logique est celle d’un conflit qui ne semble pas porter de solution militaire, la menace nucléaire est donc une partie de l’équation des futurs négociations, précise Thibault Fouillet. « De toute façon, la sortie sera politique. Mais pour que la sortie soit politique, il faut une certaine crédibilité. Il faut user de tous les moyens. Il faut aussi rappeler que même si certains peuvent croire en un affaiblissement russe, ça reste une puissance dotée, l'une des principales puissances nucléaires. La Russie est inscrite dans le concert des Nations, il ne faut pas s'attendre à une Russie émoussée ou à une Russie qui s'effondrerait », dit-il.

« L’apocalypse nucléaire n’est pas pour demain », abonde Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po, mais ces derniers jours marqueront l’histoire, « un cran », insiste-t-il, « a incontestablement été franchi dans les menaces nucléaires par la Russie ».

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