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Kurdistan irakien: à Slemani, la lutte contre la désertification à l'épreuve des conflits
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Depuis le 2 décembre, l’Arabie saoudite accueille la COP16 tournée vers la lutte contre la désertification. Un phénomène bien réel pour l’Irak voisine, où 39 % du territoire est concerné par cette dégradation des terres accélérée par la déforestation. C’est au Kurdistan, dans le nord du pays, que les forêts irakiennes résistent encore, malgré les conflits qui contribuent à leur disparition. À Slemani, au Kurdistan, une équipe d’ingénieurs agricoles se mobilise tant bien que mal pour endiguer le phénomène et replanter la région.
De notre envoyé spécial de retour de Slemani,
La pépinière de Sarchinar est un écrin de verdure en bordure de la ville de Slemani, au Kurdistan irakien. Une jardinière, le dos courbé sur la terre froide, sème des graines de chênes, qui pousseront d’une trentaine de centimètres avant d’être replantés dans les montagnes du Kurdistan. « Les glands sont collectés dans les forêts où l’on trouve les chênes les plus anciens. Nous les apportons ici à la pépinière, explique-t-elle, au bout d’un an, ils sont prêts pour être à nouveau distribués dans les zones sauvages. La semaine dernière, 10 à 15 000 chênes sont retournés dans les bois, c’est la meilleure période pour replanter ces arbres. »
Rawa est l’ingénieur agronome en charge de cet espace de dix hectares fondé en 1948. Son objectif : replanter un million et demi de chênes, la principale espèce endémique du Kurdistan. « Nous mobilisons tous nos efforts pour endiguer la désertification. Vous savez, l’Irak est en première ligne face à ce phénomène et si nos forêts disparaissent, le désert s’étendra. »
À lire aussi Au Kurdistan irakien, les peshmergas s’alarment d’une autonomie kurde en péril
« Les confits sont la cause principale de la déforestation »
Des forêts qui sont les victimes collatérales des tensions politiques régionales, nous précise Rawa : « Les confits sont la cause principale de la déforestation, plus particulièrement dans les zones frontalières, avec l’Iran et la Turquie. Lorsqu’ils bombardent nos montagnes, ils déclenchent des incendies qui accélèrent la destruction de nos forêts. »
Le Kurdistan héberge 90 % des forêts irakiennes. Mais depuis les années 1970, un arbre sur deux a disparu. Le conflit qui oppose la Turquie à la guérilla du PKK retranchée dans les montagnes kurdes d’Irak a redoublé d’intensité cet été, comme en témoigne Salim, contraint d’abandonner son village à cause de la guerre : « Les Turcs pilonnent aveuglément les forêts, particulièrement lorsque la végétation est très sèche et que les incendies se déclenchent facilement. Cet été, j’ai participé à l’extinction d’un immense incendie, des arbres de plus de 300 ans ont brûlé. »
Des propos corroborés par Kameran Osman, le directeur d’une ONG qui recense les bombardements de la Turquie dans la région et dénonce également une stratégie intentionnelle de la terre brûlée : « Au cours de cette opération militaire, les soldats turcs sont descendus de leurs bases militaires et ont mis le feu aux herbes, aux parcelles agricoles, mais également aux arbres avec leurs briquets, de manière à vider de leurs populations les zones frontalières et les déplacer pour faire de la zone un champ de bataille. »
Cette situation sécuritaire rend particulièrement délicates les initiatives de reforestation, à l’image de la petite pépinière de Sarchinar. Et à l’heure de la COP en Arabie saoudite, les mains vertes de Slemani regrettent l’absence de vision stratégique des autorités kurdes pour s’attaquer sérieusement aux causes de la déforestation.
À lire aussiCOP16 désertification à Riyad : pourquoi est-elle si mal nommée ?
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De notre envoyé spécial de retour de Slemani,
La pépinière de Sarchinar est un écrin de verdure en bordure de la ville de Slemani, au Kurdistan irakien. Une jardinière, le dos courbé sur la terre froide, sème des graines de chênes, qui pousseront d’une trentaine de centimètres avant d’être replantés dans les montagnes du Kurdistan. « Les glands sont collectés dans les forêts où l’on trouve les chênes les plus anciens. Nous les apportons ici à la pépinière, explique-t-elle, au bout d’un an, ils sont prêts pour être à nouveau distribués dans les zones sauvages. La semaine dernière, 10 à 15 000 chênes sont retournés dans les bois, c’est la meilleure période pour replanter ces arbres. »
Rawa est l’ingénieur agronome en charge de cet espace de dix hectares fondé en 1948. Son objectif : replanter un million et demi de chênes, la principale espèce endémique du Kurdistan. « Nous mobilisons tous nos efforts pour endiguer la désertification. Vous savez, l’Irak est en première ligne face à ce phénomène et si nos forêts disparaissent, le désert s’étendra. »
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Le Kurdistan héberge 90 % des forêts irakiennes. Mais depuis les années 1970, un arbre sur deux a disparu. Le conflit qui oppose la Turquie à la guérilla du PKK retranchée dans les montagnes kurdes d’Irak a redoublé d’intensité cet été, comme en témoigne Salim, contraint d’abandonner son village à cause de la guerre : « Les Turcs pilonnent aveuglément les forêts, particulièrement lorsque la végétation est très sèche et que les incendies se déclenchent facilement. Cet été, j’ai participé à l’extinction d’un immense incendie, des arbres de plus de 300 ans ont brûlé. »
Des propos corroborés par Kameran Osman, le directeur d’une ONG qui recense les bombardements de la Turquie dans la région et dénonce également une stratégie intentionnelle de la terre brûlée : « Au cours de cette opération militaire, les soldats turcs sont descendus de leurs bases militaires et ont mis le feu aux herbes, aux parcelles agricoles, mais également aux arbres avec leurs briquets, de manière à vider de leurs populations les zones frontalières et les déplacer pour faire de la zone un champ de bataille. »
Cette situation sécuritaire rend particulièrement délicates les initiatives de reforestation, à l’image de la petite pépinière de Sarchinar. Et à l’heure de la COP en Arabie saoudite, les mains vertes de Slemani regrettent l’absence de vision stratégique des autorités kurdes pour s’attaquer sérieusement aux causes de la déforestation.
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